Photographie : retour aux sources

Il n’y a rien d’extraordinaire à essayer une technique connue, mais il est merveilleux de s’amuser à l’explorer une première fois. 

Sainte-Flavie - décembre 2022

Le bougé est une technique que j’apprécie pour m’intéresser à une scène en multipliant les essais techniques. Je m’amuse à peinturer mon environnement comme une artiste peintre joue avec les couleurs de la nature. Ces textures sont inspirantes parce qu’elles veulent tout et rien dire à la fois. J’essaye simplement de créer quelque chose qui s’avère fascinant au premier coup d’oeil, en attendant d’y découvrir ma démarche véritable qui oriente mes expériences photographiques. J’aime l’idée que, par une photographie en bougé, on invite l’esprit à entrer davantage dans une galerie d’art intérieure que dans une revue touristique ou sur Instagram. Le bougé est un peu, pour moi, une façon de réagir au sentiment du « trop de beauty shot » mis en scène et pas assez d’expérimentations libres du soi dans son environnement. Avec le bougé, je n’ai jamais deux fois la même photo ni le sentiment de connaître le résultat véritable avant le geste.

Boisé Tequenonday (Qc)

Noël 2022

Le light painting est une technique plutôt sportive qui aiguise autrement mon sens de l’observation. Elle me permet de me réapproprier la photo de nuit, de sortir dehors aux heures bleues et dorées et d’avoir accès une activité extérieure de création après un 9 à 5. Elle m’apprend à sculpter l’environnement avec la lumière et à analyser les possibilités et les limites d’un faisceau lumineux. Si le bougé est un jeu où la caméra s’anime dans l’espace, le light painting est davantage un procédé où mon corps est impliqué dans cet espace. Si le bougé peut vivre sans postproduction, le light painting implique obligatoirement un travail de compositing pour rassembler les couches photos en une. Dans les deux cas, les retouches sur l’ordinateur me permettent présentement de découvrir des nuances dans ma prise de vue, d’évaluer ma technique et développer mon regard critique sur le potentiel d’une photo avant et après retouche.

Littoral de Rimouski 2022

Je parle d’un retour aux sources puisque je redécouvre les facteurs de base de l’écriture avec la lumière. Jouer avec l’ouverture, la vitesse, la sensibilité, le temps d’exposition, etc. Ce sont tous des paramètres auxquels j’avais, au fil du temps, un peu arrêter de réfléchir artistiquement comme cinéaste/vidéaste. J’ai besoin de m’y attarder davantage pour m’approprier les techniques du bougé et du light painting. Ce retour me fait penser à toutes les heures heureuses passées dans le laboratoire photo du cégep  François-Xavier-Garneau et me permet de faire le pont de la chambre noire vers les outils numériques. Ce pont, je ne l’avais pas encore créé pour la photographie, puisque j’ai investi la dernière décennie dans la vidéo et le cinéma.

 

L’expérience de retrouver du plaisir à créer se complète avec celle de recevoir des réactions. Le partage boucle assurément le processus de création. La sélection des photographies favorites de mon réseau rend compte, à mon avis, des affinités des gens. L’art abstrait rejoint des personnes tandis que les autres recherchent le repère figuratif qui témoignent d’une présence du réel. J’ai eu à forcer un peu la main, dans le sens d’inviter les gens à prendre position en identifiant une photographie préférée et dire pourquoi. Au-delà des réactions positives générales, c’est dans la décision que je découvre les sensibilités qui enrichissent une démarche artistique. Les commentaires invitent à continuer d’explorer les impression de vitesse, les possibilités d’interprétations des formes concrètes (comme lorsque, enfant, nous regardions les nuages…), les compositions masquant les manipulations techniques, le sentiment d’être devant une peinture plus qu’une photo, les textures, les contrastes et le sentiment de beauté tout simplement qu’offre une oeuvre.

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